« Il est bien des amours qui commencent par le rêve et qui finissent par le sommeil. »
Jean Sarment

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par Simon Baril

William BOYLE

L'amitié est un cadeau à faire
Gallmeister

2 | 380 pages | 08-06-2020 | 23.8€

Rena semble vivre paisiblement son veuvage. Elle fut la femme d’un célèbre mafioso de Brooklyn, Vic le Tendre, tout un programme ! Jusqu’au jour où son vieux voisin, Enzio, amoureux de son Impala, magnifique voiture rutilante, pousse un peu plus loin ses avances et devient très pressant. Réaction de défense impulsive, un coup de cendrier, l’homme tombe et elle part en croyant l’avoir tué. Elle « empreinte » sa superbe Impala et s’en va trouver Adrienne sa fille et Lucia sa petite fille, les seules personnes qui, croit-elle, peuvent l’écouter et l’aider, même si leurs liens sont très distendus. A l’arrivée, rien ne se passe comme prévu, elle se retrouve héberger et épauler par leur voisine, Lacey Wolfstein, une ancienne actrice de porno, qui immédiatement l’enlace de toute son amitié. Rapidement, elles vont apprendre que Enzio n’est pas mort et se retrouver dans une fuite dangereuse, un road-movie effréné où chacune apprendra à se connaître. Un engrenage où chacune peut prendre sur le fil une décision, bonne ou mauvaise, sans en mesurer les conséquences qu’elles risquent néanmoins d’éprouver dans leur chair. Mais ce collectif de femmes est bien décidé à goûter à la liberté et elles vont s’endurcir et découvrir que l’amitié peut alors d’être d’un grand secours, « Ca signifie que l’amitié est la plus belle des histoires d’amour. » Une course folle, parfois drôle, toujours très imagée, rythmée et animée de trois femmes de caractère, libres et bien décidées à défendre leur indépendance.

« On est tous des épaves qui avons pas dit notre dernier mot. Tant que c’est pas mort, ça peut être réparé. »

« Une vraie dure à cuire. C’est plutôt une bonne chose. Dans ce monde, ça aide d’être dur. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'amitié est un cadeau à faire"

Fiche #2550
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Simon Baril


Emily RUSKOVICH

Idaho
Gallmeister

1 | 362 pages | 10-05-2018 | 23.5€

Jenny et Wade se sont rencontrés grâce à un chien, et Jenny força la porte du solitaire. Ils choisirent de s’isoler dans la montagne : « Wade et Jenny sont des gens des plaines. Des gens des plaines vivant sur une montagne dont ils n’avaient pas remarqué qu’elle était beaucoup plus grande qu’eux. Un terrain acheté sans trop réfléchir parce qu’il n’était pas cher, parce qu’il n’avait rien à voir avec la plaine. Que d’arrogance et de puérilité ! » Malgré les difficultés rencontrées, ils eurent deux filles, June et May. Puis, par une chaude journée d’août 1995, ils partirent tous les quatre avec le pick-up ramasser du bois. C’est alors que le drame se produisit : inexplicable, totalement inattendu et au-delà de la violence. Désintégration, plus de famille, plus d’avenir, plus rien. Le récit débute neuf années plus tard alors Wade s’est remarié avec sa professeur de piano Ann qui, évidemment, a connaissance de son drame. Mais Wade a la mémoire qui s’envole : « Dorénavant, tout est incertain, et il ne semble pas y avoir de frontière claire entre ce que Wade est capable de faire ou incapable de faire. » Son drame semble aussi s’éloigner de lui et Ann devient le seul témoignage d’évènements qu’elle n’a pas vécus. Alors ils vont l’obséder, et elle n’aura de cesse de tenter de reconstituer le déroulement du drame. Toujours la délicieuse manie de Gallmeister de nous trouver des perles ! Emily Ruskovitch ne fait pas dans la facilité, un drame absolu, un amour absolu, un isolement absolu, une violence sourde, une noirceur profonde, un va-et-vient constant entre présent et passé, et pourtant elle nous hypnotise et ses personnages nous attirent et nous entraînent malgré nous dans leur abime. Un premier roman puissant d’une grande virtuosité.

« Pour autant qu’Ann sache, Jenny avait elle aussi disparu de la mémoire de Wade. La vie qu’il avait menée avec elle, avec May et June, le son de la voix de ses filles et la dernière odeur de leurs vêtements, tout ça avait disparu par les nombreuses blessures de la maison, tel du sang qui s’écoule dans la nuit et qui plus jamais n’irriguerait leur histoire à tous les deux. »

« Il a perdu ses filles, mais il a également perdu le souvenir de les avoir perdues. En revanche, il n’a pas perdu la perte. »

Ecouter la lecture de la première page de "Idaho"

Fiche #2150
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Simon Baril